Le grand orgue

Après la suppression du chapitre de la Sainte-Chapelle du Palais et la fermeture de l’édifice royal le 12 juillet 1790, le grand orgue qui s’y trouvait est racheté par la paroisse de Saint-Germain l’Auxerrois, démonté et remonté en cette église en juillet 1791. Comme d’autres paroisses parisiennes rescapées de la tourmente, celle-ci se voit aussi attribuer des tuyaux provenant d’autres grands orgues. Ces transferts sont destinés à augmenter l’instrument, qui est désormais appelé à sonner dans un vaisseau d’une tout autre ampleur.

L’instrument actuel, cadeau royal à la Sainte-Chapelle, était l’œuvre du plus grand facteur de l’époque, François-Henri Clicquot, construit en 1771 sur un dessin audacieux de Pierre-Noël Rousset (1752), dont le plan en hémicycle et le vocabulaire déjà presque néoclassique en font l’un des tout premiers exemples d’un style nouveau qu’on appellerait un jour ‘Louis XVI’.
Il avait été précédé à Saint-Germain l’Auxerrois par un orgue médiéval « en nid d’hirondelle » dont Eustache du Caurroy et Louis-Claude Daquin furent titulaires.

Pour être installé à Saint-Germain l’Auxerrois, l’orgue de la Sainte-Chapelle fut augmenté d’éléments issus des orgues détruits de la collégiale Saint-Honoré et de la chapelle de l’École militaire.

Remanié par Dallery en 1820 et surtout en 1840, il est profondément restructuré par Ducroquet en 1848, puis encore légèrement transformé par Joseph Merklin en 1864.

Le buffet est classé monument historique dès 1862 et la partie instrumentale en 1981.

Avec les nombreux éléments, dont le Grand Jeu, qui subsistent du XVIIIᵉ siècle, le grand orgue de Saint-Germain-l’Auxerrois est indissociable d’Alexandre Boëly (1785-1858), qui fut un acteur de la découverte de Bach en France et, plus largement, de l’acculturation parisienne d’une école germanique, tout en se montrant le dernier héritier de la tradition classique française. Camille Saint-Saëns et César Franck vinrent le voir jouer à la tribune.

A partir de 1851, Eugène Vast allait occuper la tribune pendant plus d’un demi siècle. Il eut pour successeurs au fil du XXᵉ siècle Marcel Rouher, Maurice Le Boucher, Jean Pergola, Michel Chapuis, Léon Souberbielle, Ricardo Miravet et, depuis 2002, Henri de Rohan-Csermak.

Muet entre 1995 et 2005, cet orgue célèbre a retrouvé en partie la jeunesse de ses timbres, grâce au travail de relevage défini par le technicien-conseil Éric Brottier et accompli en 2008 par l’équipe du facteur d’orgues Laurent Plet. Néanmoins, encore intacts depuis 1864, ses éléments mécaniques, sa soufflerie et ses sommiers restent fragiles : l’orgue de Saint-Germain l’Auxerrois attend toujours la restauration d’envergure qui lui demeure indispensable.